Collision en Manche entre le vraquier maltais GENERAL GROT ROWECKI et le chimiquier des îles Marshall ECE Mardi 31 janvier 2006, vers 3 heures locales, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de Jobourg a reçu un appel sur radio VHF du vraquier maltais GENERAL GROT ROWECKI suite à une collision survenue avec le chimiquier des îles Marshall ECE, dans une zone située à 50 nautiques (90 kilomètres) à l’ouest de Cherbourg.
Le vraquier
GENERAL GROT ROWECKI rattrapait le chimiquier ECE peu avant l'entrée de la voie montante du Dispositif de Séparation (DST) des Casquets. Le GENERAL GROT ROWECKI, construit en 1985, mesure 198 mètres de long. A destination de Police en Pologne avec 21 membres d’équipage à bord, il transporte des phosphates.
Le vraquier maltais GENERAL GROT ROWECKIL’ECE a immédiatement signalé une voie d’eau avec une gîte évolutive. A 07 heures du matin, cette gîte était de 15°.
Le chimiquier ECE, construit en 1988, mesure 126 mètres de long. A destination du port de Gand (Belgique) avec 22 membres d’équipage à son bord, il transporte 10 000 tonnes d’acide phosphorique.
Le CROSS de Jobourg a lancé une importante opération de sauvetage et d’assistance avec la mise en œuvre des moyens suivants :
• Deux hélicoptères " SEAKING " des gardes côtes britanniques arrivés sur zone vers 05h locales, qui ont procédé à l’hélitreuillage des 22 membres d’équipage du chimiquier ECE ;
• l’hélicoptère Dragon 50 de la sécurité civile pour l’envoi d’une équipe pluridisciplinaire d’évaluation et d’investigation sur zone ;
• Le remorqueur d’intervention d’assistance et de sauvetage
ABEILLE LIBERTÉ qui a appareillé de Cherbourg pour être sur zone vers 07h locales ;
• Le patrouilleur de la Marine nationale (PSP) PLUVIER qui a appareillé de Cherbourg à 06h locales ;
• Le patrouilleur de Gendarmerie maritime GLAIVE qui a appareillé de Cherbourg à 06h30 locales ;
• La vedette de la société nationale de sauvetage en mer Jean Desnoylle de la station de Goury ;
• Le chasseur de Mines Tripartite LYRE de la marine nationale qui a appareillé de Cherbourg a 06h50 locales ;
• Deux canots de sauvetage de la Royal National Lifeboat Institution d’Aurigny et de Guernesey.
Les conditions givrantes sur la pointe de Bretagne et le nord Cotentin n’ont pas permis d’utiliser l’hélicoptère Super Frelon de la marine nationale, de Lanvéoc Poulmic, placé en alerte.
Les conditions météorologiques sur zone au moment de l’incident :
• Etat de mer : mer agitée (1,25 à 2,5 mètres) ;
• Vent : de Nord-Est pour 20 nœuds (36 km/h) ;
• Visibilité : bonne, supérieure à 10 km ;
• Coefficient de marée : 107.
Dans la nuit, le Remorqueur d’Intervention, d’Assistance et de Sauvetage Abeille Liberté, qui procédait au remorquage du chimiquier Ece, a signalé au Centre des Opérations Maritimes de Cherbourg, une augmentation importante de la gîte de l’Ece entraînant une diminution de la flottabilité du navire. L’Abeille Liberté a poursuivi le remorquage du chimiquier Ece en réduisant sa vitesse et en prenant une route au sud pour le dégager de l’axe de la voie montante du rail des Casquets, dans l’éventualité d’un naufrage.
A 03h37, le mercredi 1er Février 2006, l’Ece a coulé par 70 mètres de fond alors qu’il se trouvait à 16 nautiques à l’ouest de l’entrée de la voie montante du dispositif de séparation du trafic des Casquets (dans l’ouest de la pointe de la Hague pour environ 90 km). Le Chasseur de Mines tripartite Lyre a procédé à la localisation exacte de l’épave qui gît dans les eaux internationales à la position 49°43.682 N et 003°15.186 W, sur son côté bâbord, cap au sud.
La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a maintenu trois bâtiments sur zone, le RIAS Abeille Liberté, le CMT Lyre et le PSP Sterne pour assurer la police de la navigation dans la zone et s’assurer au lever du jour de l’absence de pollution à la surface de la mer. Le vol d’un avion de télédétection type Polmar 2 des Douanes est prévu aujourd’hui pour investiguer la zone du naufrage.
La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a pris un arrêté d’interdiction de la pêche dans un rayon de 1 nautique autour de l’épave.
Par ailleurs, les autorités maritimes françaises ont déclenché le MANCHE PLAN : il s’agit d’un plan d’urgence franco-britannique auquel sont associées la Belgique et la république d’Irlande, qui vise à organiser l’action des autorités françaises et britanniques en cas de sinistre maritime majeur en Manche. Il traite notamment des procédures de coopération dans les opérations de lutte contre les pollutions de toute nature.
Le CEDRE (centre de documentation, de recherche et d’expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux) va par ailleurs procéder à un calcul de prévisions de dérive des polluants en mer à partir de la position de l’Ece, à l’aide du logiciel MOTHY.
La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a mis en demeure, le capitaine du navire et son armateur, la société Aksay Denizcilik, de prendre toutes les mesures pour faire cesser les dangers que représentait le navire pour la navigation et le littoral.
Tiré de http://sauvmer.free.fr/